notes for a song
if you hear a voice
it’s the utility sink singing
it’s been a long time
since the hearts’ mast laid down
to round out the dust
storm flowers
lives dreams stud the void’s begging bowl
uncountable the wounds
of the city invited to the scavenger’s ball
if you hear a voice
it is the mass grave singing
landfill-mouth gnawing
on a final star
the little blue spot over there
we still want to call sky
the little blue spot over there
is hope
brave name badging the light
that seeps through the razorwire
forecast dawn vamps in
coming out of the pines
the little blue spot over there
is hope
look around
the bullets converging
in you my leaf burgeons
I see you and only a mirror can respond
I see your hands and step into the unfashionable
every tenderness arrives from elsewhere
brought into the world by embers
smoke becomes flesh cloud becomes bone
let the flags be burned
your hair propels my credos to their most distant conclusion
sea strands to be braided
from your hips volatility is reborn
the air sharpens your approach
dream in which birds dine
bygone age where the fire’s exiled
your prophetic face perched on the morning
moons face you
and return incoherence
what season without shattering its teeth
can surpass your branches
what wave fallen from your tree
won’t vulcanize my fruit starving for mouths
in you my leaf burgeons
windfall for the poem
time slain my tongue
the days heap on my head
gigantic silence
fold to the calendar
that urge-trimming body-snatcher
wanting a heart
and finding oneself weak as a bone besieged by fire
every face
splintered nation where dawns decamp
what wind will reap my fragments
my body
a memory that death begrudgingly dredges up
in my mouth
ramparts that weigh as strongly
as the blazes of indignation
concocting myself a bird
but the wing hyenas surrounded
appropriate punishment
akin to festered blood
autumns in my throat
writing my fall in flowers
which reserves for the flame
an ineluctable hunk
◆
notes sure un chant
si tu entends une voix
c’est le vidoir qui fait chant
il y a longtemps
que le mât des cœurs s’est couché
pour compléter poussière
fleurs sous orage
vies rêves emplissent les sébiles du néant
comptées ne peuvent être les plaies
pour une ville élue au bal-charogne
si tu entends une voix
c’est le charnier qui fait chant
bouche-décharge qui mâche
une dernière étoile
le petit point bleu là-bas
on veut bien encore l’appeler ciel
le petit point bleu là-bas
c’est espoir
nom vaillant que porte cette lumière
à venir par les barbelés
météo où performe l’aube
à sortir des épines
le petit point bleu là-bas
c’est l’espoir
regarde autour
les balles gravitent
en toi mûrir ma feuille
face à toi le miroir seule réponse
face à tes mains prend pied dans le désuet
toute tendresse venue d’ailleurs
rendue au monde la cendre
fumée faite chair nuage fait os
brûlés soient les drapeaux
tes cheveux portent au plus loin mes devises
rubans à tresser mer
de tes hanches renaît l’instable
l’air affûte ta démarche
rêve où dînent oiseaux
âge révolu où s’exile l’incendie
ton visage prophète perché sur le matin
les lunes face à toi
restituent l’incohérence
quelle saison sans se casser les dents
dépasse tes branches
quelle onde tombée de ton arbre
ne volcanise mon fruit affamé de bouche
en toi mûrir ma feuille
aubaine pour le poème
temps mort ma langue
sur ma tête les jours
si gros silence
forfait contre le calendrier
quête-carcasse qui taille l’élan
se vouloir cœur
et se révéler faible tel l’os que ravage un feu
chaque visage
pays brisé où fuguent les aurores
quel vent recueillera mes fragments
corps mien
mémoire que la mort se remue à remonter
dans la bouche
murailles qui pèsent aussi fort
que flamboie une colère
m’improviser oiseau
mais l’aile par les hyènes enveloppé
ai peine suffisante
à égale sang putréfié
automnes dans la gorge
écrire ma chute à la fleur
elle délègue jusqu’à ma flamme
un imparable crachat
Jean D’Amérique, Atelier du silence, Chenye éditeur, 2020.
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